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Auzelles
Messages : 4794 Date de naissance : 16/10/1949 Date d'inscription : 25/10/2017 Localisation : Entre Crau et Camargue
| Sujet: L'historiette du jour... Mar 31 Oct - 7:06 | |
| L'historiette du jour : Le bœuf mode de SourireJ’étais rentrée à la maison après une journée gris anthracite, quand on sort de chez soi de nuit et qu’on revient après le coucher du soleil. Levée avant six heures, métro, train et marche à pied pour arriver au bureau à l’heure, sinon c’était porte close sans salaire. On ne rigolait pas avec la ponctualité chez Dupont et frères. Le soir, j’avais fait le chemin inverse pour lui cuisiner un bœuf mode, son plat préféré. J’avais encore de ces attentions qu’il n’appréciait plus depuis longtemps mais je voulais sauver notre couple, comme on dit dans les magazines. J’avais lu que le lit et la cuisine étaient les deux secrets d’un mariage réussi. - Lire la suite de l'historiette:
J’ai ajusté mon tablier rose à bavette en remontant une mèche lourde qui me cachait les carottes, des carottes des sables, les meilleures pour le bœuf mode. J’en avais plein les yeux, du sable et des cheveux, mais je continuais à éplucher les légumes en reniflant. J’ignore si je sanglotais à cause des oignons ou de tout le reste mais je pleurais comme une madeleine, mes larmes se mêlant au fatras de fanes et de pelures qui s’amoncelaient sur la planche à découper. La viande revenait doucement, accompagnée d’une sérénade de grésillements au milieu des effluves caramélisés. Quand je retournais le morceau de bœuf dans la cocotte en fonte, ça pétaradait plus fort, l’animal entier semblait se mettre en colère. Comme moi. Je me disais : « Épluche et ne pense à rien ». Il est sorti de la salle de bains, propre comme un sou neuf, drapé dans son peignoir en éponge blanc, celui qu’il avait emporté par mégarde lors de notre voyage de noces à Cabourg, dix ans déjà. Sans me voir, il s’est affalé sur le canapé lustré à la place de ses grosses fesses, il a allumé la télé et s’est écrié : « Je prendrais bien un whisky, dis-moi s’il y en a encore ». Je continuais à éplucher en reniflant, à pleurer en pelant les carottes, trois livres, ça ne se fait pas comme ça. On a une cuisine américaine, et du comptoir j’apercevais ses cuisses velues, qu’il grattait avec entrain, dépassant du peignoir entrouvert. « Qu’est-ce qu’on mange ce soir ? » a-t-il poursuivi. Il regardait un jeu sur l’écran, une sorte de quizz qu’il ne ratait jamais, un sourire béat sur son visage rubicond quand il trouvait la réponse. Je respirais profondément, par le ventre, comme je l’avais lu sur une autre revue et je me répétais « épluche et ne pense à rien ». Il venait de répondre à la question et exultait « bœuf mode » ! C’était la rubrique cuisine, il avait gagné. « Allume donc un feu dans la cheminée pour fêter ça ! » Il a hurlé la phrase pour couvrir le bruit de la viande qui mijotait en sautillant en même temps que l’animateur annonçait la fin de l’émission dans un concert assourdissant. « Épluche tes carottes ! » je me répétais Malheureusement il n’en restait plus, j’avais bien travaillé, et vite, en brave épouse que j’étais. J’ai attrapé le long couteau effilé, je l’avais aiguisé la veille, et d’un bond j’ai frappé sa carotide, il y avait du sang partout, on aurait dit que le bœuf se vidait. Je ne pense pas qu’il ait souffert. Le peignoir était détaché, j’ai commencé à le découper après avoir allumé la cheminée comme il l’avait demandé à sa petite femme. Ça sentait le cochon grillé quand je jetais les morceaux dans les flammes qui dansaient de plus en plus haut. C’est à ce moment-là que vous êtes arrivé, monsieur l’agent, vous savez tout, vous avez dîné ?
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| | | Auzelles
Messages : 4794 Date de naissance : 16/10/1949 Date d'inscription : 25/10/2017 Localisation : Entre Crau et Camargue
| Sujet: Re: L'historiette du jour... Mer 1 Nov - 6:35 | |
| L'historiette du jour : Toulon au mois d'août ! Merci René Fallet de Alice Didier— On menait 13 à 11... — Encore des cerises ! — Il s’est endormi le petit ? — Ils en ont eu quatre au palais, si c’est pas malheureux ! - Lire la suite de l'historiette:
Sur la terrasse de la maison familiale des Italiano. Du vin, des guêpes, des cigales. Et le bruit. Le rouge indécent des pastèques ouvertes, sur la table.
Sur la toile cirée dont le temps, artiste délicat, a pastellisé les teintes agressives, d’énormes fleurs peintes sur un motif écossais vert et blanc, des taches et des mégots de gauloises sans filtre, près de paquets vides, froissés et bleus, disputent la place aux jetons de belote en plastique. Ils sont luisants de chaleur, une chaleur que souligne l’alcool, leur sang du peuple. Leurs propos s’enlisent dans la banalité, il ne peut y échapper, abruti de soleil, à demi-somnolent. Atout, atout et atout, et dix de der.
— 1, 9, 16... Je l’ai loupé de peu, regarde ! J’avais mis le 16 quatrième. — Non, assez avec les cerises ! Tu vas avoir mal au ventre ! Ils sont médiocres avec entêtement, par innocence. Bardés de lieux communs, ficelés dans l’honneur des pauvres. Quelconques, mais fiers, goguenards, le verbe haut. Des cigales, des guêpes, du vin et le bruit. Atout, atout et atout. Pourquoi t’as pas mis le valet ?
La rue Mon Paradis déroule son tapis de goudron fondant à qui veut connaître le pittoresque d’une famille française d’origine italienne. La couleur locale aura pour le touriste un parfum d’ail, et d’olives, et d’amour. Un amour imposé à celui qui a épousé leur sœur, leur sang. A moi, Henri Marseilles. Comme la plupart de mes frères je suis marié avec une Italienne, une des leurs, la plus jeune. Sur un bateau blanc, à moteur, éblouissant de réverbération, un homme se balance quelque part, dans les calanques de Cassis, seul... Un rêve, pour plus tard, pour la retraite...
« Moi, pendant la guerre j’étais écouteur pour la Marine. Je signalais les avions à la DCA ». Joignant le geste à la parole, Fioravanti Italiano la main en pavillon contre son oreille, mime une attention soutenue. Puis s'interrompt pour apostropher une nièce : « Tu fumes encore petite ? Ça te fait mal la cigarette, moi j’ai arrêté depuis... ». En famille ou au bistro du coin, chez lui ou en voyage, entre amis ou avec des inconnus, Fioravanti plastronne. Il ne se perçoit pas autrement que comme le centre du monde. Quand l’intérêt de l’auditoire faiblit, il pousse la chansonnette, avec dans sa voix de velours des trémolos datant d’avant la guerre. Pas question de rigoler ! On se tait. On l’écoute avec respect. Celui qui l’oublie est toujours sévèrement rappelé à l’ordre. Fioravanti Italiano alias Tonton Florent est ainsi, sérieux dans sa fonction de boute-en-train depuis bientôt soixante ans.
Les minots, attirés par cette bonne humeur, cette joie de vivre palpable tournent autour du foyer de lumière triviale, tournent avec la folie des éphémères. Ils répètent parfois un juron entendu, une blague un peu leste dans un éclat de rire craintif.
Des guêpes, des cigales et du vin. Les bouteilles sont vides. Le jus de la treille sèche au fond des verres et c’est au tour des insectes de se rincer le gosier. Il m’est arrivé de surprendre, dans le vacarme de ces sempiternels repas de famille, des conversations dont la tendresse avait la délicatesse d’un poème.
On se fait une partie de boules ? Ils savent tout de la pétanque les hommes de la rue Mon Paradis, joueurs acharnés et mauvais perdants. Ils craignent plus de « baiser le cul de fanny » ou un capot aux cartes que le purgatoire. Ils ont pour Georges Marchais une vénération qu’ils n’accordent pas même à Dieu. Atout, atout et atout. N’oublie pas de me compter la belote !
Ils sont déprimants. Les plus jeunes ont déjà les tics de langage des anciens. Les plus vieux ressassent les mêmes souvenirs mille fois poliment écoutés. Tous embrassent les enfants, et ils sont nombreux, jusqu’à les dévorer. L’amour, l’amour sacré de la famille ! Ils sont immigrés italiens, ouvriers, maçons ou garçons coiffeurs, en France.
Les femmes font la vaisselle.
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| | | Auzelles
Messages : 4794 Date de naissance : 16/10/1949 Date d'inscription : 25/10/2017 Localisation : Entre Crau et Camargue
| Sujet: Re: L'historiette du jour... Jeu 2 Nov - 5:56 | |
| L'historiette : Léon de AnmIl est apparu ce matin. Enfin. Léon se hâte d’engloutir sa dernière tartine tout en enfilant ses bottes fétiches et sales de la dernière expédition. Tout est prêt ; son petit baluchon, son ciré jaune porte-bonheur et surtout sa longue-vue. Le chien jappe et sautille partout devant tant d’excitation. Il réussit à se faufiler par l’entrebâillement de la porte que son maître adoré n’a pas fermée dans la précipitation. Léon court vers son plus fidèle destrier, l’enfourche et part à l’aventure. En s’engouffrant dans la forêt qui entoure sa cabane (c’est comme ça qu’il aime l’appeler), il entend au loin la voix grave de sa mère qui lui demande où il s’en va encore comme ça. Pas le temps de répondre, de toute façon, elle râle sans arrêt. Il ne parvient pas à distinguer les derniers mots effacés par le vent qui siffle à ses oreilles. Il va vite, à califourchon, sans selle, le chien à ses trousses. - Lire la suite de l'historiette:
Il galope entre les arbres et son cheval commence à montrer des signes de fatigue. Mais il ne peut pas ralentir. Il sait que le temps est compté. Son trésor l’attend. Si ce n’est pas aujourd’hui, qui sait quand il reviendra ? Depuis qu’il est parti, il s’interroge et se répond. Comme toujours, c’est sa vie de solitaire et il l’aime.
Léon va devoir faire une pause. Heureusement pour lui, la bruine et l’ombre des grands feuillus vont permettre une meilleure récupération à Tornado. Il n’est pas du tout noir, mais il l’a nommé ainsi en hommage à son héros d’enfance. À vrai dire, Léon se sent plus proche d’Indiana Jones (sûrement lié à la quête), mais il n’a pas de cheval, alors... Il s’est toujours considéré comme quelqu’un de facile à vivre, de bonne composition. Il se pose ses propres dilemmes, essaie de trouver ses propres solutions. Il n’embête personne et ne comprend toujours pas pourquoi il se sent aussi seul et marginal. Mais bon, c’est comme ça depuis l’école, il s’est fait une raison.
Avant de repartir, il jette un coup d’œil au chien, couvert de boue jusqu’aux oreilles. On dirait qu’il a bien profité de la pause pour patauger dans les flaques trop profondes pour lui compte tenu de sa petite taille. Dernière vérification avant de repartir, la dilatation des naseaux de Tornado. Ils semblent à peu près revenus à la normale. Et, après tout, dans les films, il galopait des heures durant, sans se fatiguer...
Les voilà tous les trois repartis en quête de son graal. Sur le chemin, sa motivation est mise à rude épreuve ; la pluie s’intensifie par moments, il a du mal à garder les yeux ouverts alors qu’il doit rester concentré pour éviter les branches qui le griffent et qu’il doit slalomer entre les arbres qui n’auraient pas pu pousser en ligne droite ! La route commence à lui sembler vraiment longue et le découragement pourrait le gagner d’une minute à l’autre. Heureusement, il continue à dialoguer avec lui-même. Sa voix l’invite à repenser à tout ce qu’il a fait par le passé. Au fond, il sait qu’il réalise tout ce qu’il entreprend avec beaucoup de ferveur, alors pourquoi échouerait-il aujourd’hui ? ses doutes s’estompent peu à peu et il reprend espoir.
Enfin, il quitte la noirceur de la forêt oppressante pour découvrir une plaine lumineuse et dégagée. Son repère du ciel le guide à nouveau. Il l’aperçoit au loin, juste derrière l’église romane. C’est sûrement un signe, la récompense de ses prières quotidiennes. Il stimule Tornado en poussant un cri de guerre. Celui qu’il utilise depuis sa plus tendre enfance dès qu’il est pris d’une joie immense. Celui aussi qui lui attirait des regards sournois et des chuchotements de la part des autres écoliers. Mais il le voit, il est sublime. Cette dernière galopade jusqu’au bâtiment religieux s’accompagne d’une montée d’adrénaline intense.
Léon sent qu’il touche au but. Il dépasse l’église, mais son trésor s’éloigne encore et encore. Il est déçu, abattu. Un nouvel arrêt semble s’imposer. Tornado repasse au pas et arrache quelques brins d’herbe au passage. Léon en profite pour regarder ce qu’il pourrait grignoter dans son baluchon et ne voit pas tout de suite l’homme assis au bord du chemin. Un homme plutôt âgé qui semble avoir décelé sa déception. Il l’observe sans rien dire et fait sursauter l’aventurier dès qu’il relève la tête de son petit sac bleu. Le vieil homme lui adresse un sourire édenté et lui demande ce qui le tracasse. Léon décide d’expliquer son projet, se disant qu’à cheval, il aurait plus de chances d’arriver avant le vieillard au trésor tant convoité. L’inconnu éclate de rire, d’un rire fou. Léon en vient même à craindre pour sa santé. Cela dure plusieurs secondes et il s’exaspère. Quand il tourne les talons (ou plutôt les sabots), le vieil homme, après avoir repris son souffle, lui crie d’une voix éraillée : « hé ! c’est une légende ! ». Léon s’arrête net et se retourne le regard suspicieux. Le vieux reprend : « Tu n’y arriveras jamais ! au pied de l’arc-en-ciel ! » et se remet à rire.
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| | | Auzelles
Messages : 4794 Date de naissance : 16/10/1949 Date d'inscription : 25/10/2017 Localisation : Entre Crau et Camargue
| Sujet: Re: L'historiette du jour... Ven 3 Nov - 6:03 | |
| L'historiette du jour : Le grand concours de Aurélie RodriguezComme tous les millénaires, les Grands Mages se réunirent à nouveau, lors de la troisième Lune, pour célébrer le mille-et-unième Grand Concours des Mages. Comme à l’accoutumée, chacun y allait de sa petite création ou de son invention farfelue. On sentait néanmoins depuis les cent dernières éditions du concours que la créativité s’essoufflait ; le jeu commençait à perdre de sa superbe. Oui, bien sûr, Ilsidor inventerait une nouvelle machine, non pas à remonter le temps, mais à l’étirer ; évidemment, Huldegur renchérirait avec sa potion de vie éternelle et enfin Xéfalon ferait éclater les planètes en feu d’artifice avant de les transformer en fleurs. - Lire la suite de l'historiette:
Tout cela faisait sourire mais n’émerveillait plus l’assemblée. On était las des inventions extraordinaires et des spectacles grandioses. Le spectaculaire était devenu banal et le miraculeux franchement ennuyeux. Les participants, lassés, s’apprêtaient déjà à repartir quand Brikebaruk s’avança au centre du cercle. - Attendez, chers amis... J’ai eu une nouvelle idée cette année. Tout le monde soupira. On les connaissait bien ses inventions farfelues : le sang pétillant dans les veines lors du dernier concours, l’oxygène en barres goût chocolat le millénaire précédent ; un système de camouflage géant pour la Terre au milieu de la Voie Lactée encore avant... toutes ces histoires ne faisaient plus rire. Pourtant, lorsque Brikebaruk présenta son objet au milieu de cercle, un grand silence se fit. - Qu’est-ce que c’est que ça ? - Que c’est beau ! s’exclamèrent certains. - Que c’est laid ! corrigèrent d’autres. - C’est une nouvelle source d’énergie ? - Pas vraiment, répondit le mage. - Est-ce que ça permet d’inverser le cours du temps ? - Pas du tout. - Ça fait rire ? - Pas franchement. - C’est solide ? - Non plus. - Mais, est-ce que c’est utile ? - Absolument pas. - Et comment s’appelle cette chose ? - Je l’ai appelée « l’Homme ».
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| | | Auzelles
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| Sujet: Re: L'historiette du jour... Sam 4 Nov - 6:22 | |
| L'historiette : On a échangé nos caddies de VolsiLongtemps que l’idée me trottait dans la tête. Les courses, j’aimais bien, avant. Je prenais mon temps, je concevais les repas au fur et à mesure de ce que je trouvais mais c’est devenu une routine. Je m’ennuie. - Lire la suite de l'historiette:
Évidemment, je m’amuse à faire des courses de caddies de temps en temps comme tout le monde. Des slides par-ci, des dérapages par-là. Parfois, je risque une figure plus compliquée une fois que j’ai pris les œufs, juste pour voir. Depuis que les caddies fonctionnent avec des jetons qu’on peut demander à loisir, je me plais à laisser le mien une fois vidé sur le parking derrière une belle grosse voiture ou, mieux, entre deux grosses voitures encombrant à la fois la portière passager de l’une et la portière conducteur de l’autre. On ne va pas bouder son plaisir. Mais il faut reconnaître que globalement, les gens ne sont pas très joueurs.
Comme chacun je suppose, j’ai tendance à acheter toujours un peu la même chose ce qui nuit fortement à ma créativité. Bien sûr, il m’arrive de faire les courses les yeux fermés de temps en temps afin de m’émerveiller de ce que j’ai saisi et d’imaginer ce que je pourrais en faire, mais ça reste marginal. Alors, aujourd’hui, je me suis décidée, je vais mettre un peu de magie dans cette tâche ménagère récurrente.
Je passe le portillon et commence mes courses. J’avance doucement, tranquillement, prenant le temps d’observer mes congénères qui eux aussi font leurs courses, la mine triste, le regard vide. Mon caddie, peu à peu, se remplit. Et je repère un homme, la cinquantaine. Je choisis un homme parce que, bêtement, je me dis qu’il a sûrement une autre façon de faire les courses. Il a une allure de père de famille, ça devrait faire l’affaire. Son caddie à lui est déjà bien rempli aussi. Il faut que j’opère assez vite, avant qu’il ne file en caisse. Je me positionne dans le même rayon. Je regarde les derniers articles qu’il a posés sur le dessus du caddie. Je prends les mêmes. Je les pose sensiblement de la même manière sur le dessus du mien. J’espère qu’il a oublié quelque chose qu’il va aller chercher en abandonnant son caddie. Je croise les doigts. Satan si tu m’entends... Yes ! Le voilà qui marmonne : « Ah zut ! les œufs ! ». Waouh ! J’ai bien choisi ! Les œufs sont loin... ça me laisse le temps de commettre mon forfait.
Dès qu’il passe le coin du rayon, je procède à l’échange. Je laisse mon caddie à la place du sien et je file en caisse. J’en choisis une qui se trouve au début du magasin, loin du rayon où il est stationné... enfin, où il croit qu’il est stationné.
Arrivée à la caisse, heureusement il n’y a pas grand monde. Si j’ai bien calculé, il lui restait encore un certain nombre de rayons à faire. Avec les articles similaires qui masquent un peu le reste du contenu, la supercherie devrait passer inaperçue encore quelques temps. Me voilà qui commence à poser mes articles sur le tapis roulant, j’essaie de le faire en mode automatique sans regarder ce que je pose. Le moment est critique puisque c’est normalement celui où, si on s’est trompé de caddie, on s’en rend compte. Ne pas flancher ! Je continue. Je ne suis pas complètement sereine, je sens quelques scrupules poindre, mais la caissière est efficace, moi aussi, et mes sacs se remplissent vite. Voilà ! Je paye. Heureusement, il n’a pas choisi trop d’articles chers. Je file à ma voiture comme une voleuse. Je sais bien que je ne serai tranquille qu’une fois la voiture démarrée.
Chez moi, je vide mes sacs, comme une gamine qui ouvre une pochette surprise. C’est fantastique. Je commence à associer les articles, à faire naître de nouveaux plats avec ces nouvelles contraintes. Tiens ! Des harengs fumés... on fait quoi avec des harengs fumés ?
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| | | Auzelles
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| Sujet: Re: L'historiette du jour... Dim 5 Nov - 6:31 | |
| L'historiette du jour : Sol et Al de Nitescence nivéaleSol avait envie de crever environ cinquante-sept fois par jour, Al en avait fait une moyenne. Elle aimait bien lui raconter, la nuit lorsqu'ils se baladaient sur les quais défraîchis de la vieille gare, ce à quoi elle avait pensé pendant la journée. C'est comme ça qu'il avait appris que lorsque Sol se réveillait, elle était de bonne humeur, puis que boum quand elle sortait de son lit, une fugace envie de mourir apparaissait ; elle trouvait ça drôle, un jour elle lui avait dit que peut-être son lit était un berceau de bonheur et que c'était pour cela que tout arrivait. Al se contentait de l'écouter en la regardant avec de grands yeux ronds, fallait dire que la petite avait comme un aura de bonté, d'innocence enfantine où, d'une quelconque chose qui rendait les autres bouches bées devant ces histoires abracadabrantesque, elle arrivait à envoûter tous ses involontaires spectateurs ; Al l'adorait pour ça. - Lire la suite de l'historiette:
Elle lui avait raconté qu'elle aimait regarder les prés vermoulus de sa fenêtre en mangeant des raisins et en écoutant Elvis, que quand il faisait beau elle allait jouer à chat perché avec des chats sauvages à qui elle donnait du lait en cachette et que son passe-temps favori était de s'imaginer mourir de bien des façons exotiques. Al lui avait fait remarquer que c'était pas commun de s'imaginer crever, elle avait simplement hoché la tête en guise d'approbation avant de partir faire une observation minutieuse de la fourmilière qui se trouvait à deux pas d'eux. Il s'est toujours abstenu de lui dire que s'il était si souvent là, près de l'échelle à l'attendre, le soir à une heure où sa mère lui aurait arraché les oreilles à la seule idée de le savoir traînant dehors au lieu de dormir, c'était pour être avec elle, la Sol, l'unique, celle qui se baladait dans les champs de pommes à minuit pour calmer son auguste appétit, celle qui, lorsqu'elle faisait du vélo, s'asseyait sur le guidon dans les descentes pour « sentir l'air lui griffer le visage », celle qui s'imaginait que les fleurs pouvaient sourire si on les complimentait sur leurs pétales, celle qui voyait en l'idée de mourir une façon de devenir léger et libre comme un ballon, et celle qu'il préférait le plus c'était la Sol complètement déconnectée de la réalité et c'est pour ça qu'il l'aimait.
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| | | Auzelles
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| Sujet: Re: L'historiette du jour... Lun 6 Nov - 6:47 | |
| L'historiette du jour : Le hamac de Paul de LauretteJe venais de laisser voguer mes narines au-dessus des grains de poivre fraîchement écrasés. Punaise ! – ça me propulsait en avant puis en arrière. Les parfums avaient ce pouvoir, je ressentais les émotions en culbuto. Ma mémoire olfactive en balancelle. - Lire la suite de l'historiette:
Ce matin-là je préparais pour ma vieille copine Véronique, des légumes verts, jaunes et rouges. Elle était plus âgée que moi, je n’avais que 79 ans, elle 88. Ça faisait une sacrée différence et Paul ne s’y était pas trompé. Je lui faisais encore du charme. Après tout ce temps, trente ans exactement. Il était poivré lui aussi, comme ces « foutus » poivrons au fumet de vacances que je préparais tout le temps. Il venait d’un monde interlope, enfin je me l’étais tatoué ainsi sur le cœur depuis belle lurette.
L’oublier, j’y pensais. A longueur de temps. Plus je tirais sur ma jupe, plus elle semblait courte. Plus j’écopais dans la barque aux adieux moins il partait. Alors, je suis allée le trouver. Enfin, le retrouver, comme après Bornéo qui l’avait transformé en homme définitivement heureux. Il nageait en poisson argenté entre les algues quotidiennes. Il comptait les jours, et moi je contais des histoires.
Mais les légumes étaient prêts à être dégustés. Je devais laisser mes souvenirs tranquilles. Sinon tout serait brûlé. Comme ce matin de 2032 où il était passé ronchonner sur le nouveau président de gauche qui se comportait comme un ahuri. Ça lui tenait à cœur comme à la recherche du temps perdu, son ouvrage préféré sur le tard. Il avait dit, ce n’est pas en cuisinant toute la matinée que tu vas changer le cours des choses. Du coup j’avais fait un peu moins attention à la cuisson. Il me provoquait pour que je maintienne cette tension tour à tour rieuse et douce. On se servait des petites colères en apéritifs et des réconciliations en dessert. Puis il repartait la toison blanche en auréole d’un saint qu’il n’avait jamais cherché à être.
Depuis je lui parlais tous les jours comme une vieille pomme esseulée dans une coupe à la pâleur artistique. Je sais que de là-haut il se servait de ma douceur pour allonger ses guibolles dans le hamac éternel.
Je regardais Véronique, elle était décidément trop vieille pour lui plaire. Je posais le plat devant elle lorsqu’elle me demanda : — Il n’est pas passé Paul aujourd’hui ? — Il viendra demain Véronique, mange ça va être froid !
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| | | Auzelles
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| Sujet: Re: L'historiette du jour... Mar 7 Nov - 6:45 | |
| L'historiette du jour : Poèmes à Peggy de HelLa nuit, j’écris des poèmes à Peggy. Des poèmes à l’eau de pluie que je cache sous mon lit. Des poèmes en vrac et en morceaux. Faudrait pas que Maman tombe dessus, faudrait pas ça non. Faudrait plutôt que j’en fasse des avions de papier blanc laitier et que je les envole loin au-dessus des lignes qui s’ébattent depuis les pylônes et dessinent des sortes de portées dans le ciel. Parfois quand je les fixe, je vois des notes qui dansent dessus. Mais de ces poèmes je compte bien faire tout autre chose en vérité... - Lire la suite de l'historiette:
Parfois j’essaie juste d’écrire Peggy, de l’écrire exactement pour que jamais elle ne s’efface et que toujours je me rappelle. Parce que je sais qu'on peut perdre des morceaux. Et parce que je veux garder cette brûlure intacte à l’intérieur de mon ventre. Celle de sa voix quand elle raconte, une voix cassée, voilée par le tabac et tabassée par la vie, parce que je crois qu’elle a une voix comme ça Peggy.
Peggy a le teint blanc très blanc presque transparent, blanc du blanc des avions que je voudrais envoler pour elle, les cheveux roux très roux, et comme des éclats de mousse spongieuse autour des pupilles, aussi des milliards de milliers de millions de petites constellations qui partent de sous les yeux jusqu’au menton, et puis qui dès que le soleil de printemps se ramène, courent encore de son cou jusqu’à la naissance de ses seins. Des seins larges et épanouis qui font comme ces pierres de bords de mer où l’on aime à se poser. Des seins qui doivent déborder des mains qui les saisissent, comme j’aimerais en avoir aussi, et Peggy dit que ça viendra, et Maman aussi. Peut-être que les petites étoiles s’étalent encore en dessous et bien plus loin. Peggy est belle. Peggy est ronde ici, et élancée autour de là.
Avec Maman elles se disent amies, elles se présentent comme ça quand on demande. On est un curieux qui aime savoir. Amies c’est drôle, quand on voit comme elles se regardent quand elles se parlent, quand on perçoit comme elles se frôlent.
Parfois Peggy m’attrape le menton quand je passe à côté, elle plante ses yeux de mousse spongieuse dans les miens, et je me sens comme un glacier, liquide dans le profond, et avec quelque chose qui se fissure, et qui éclate, et puis aussi quelque chose qui m’entraîne sous des eaux que je ne sais pas, quelque chose dont je voudrais qu’elle dure et dure encore, et m’emporte à jamais à la fois. Elle fait ça quand je lui parais triste, quand je tourne en rond dans le salon, quand je ne sais plus quoi faire de moi, de mes mains et de mes bras. Parfois elle ajoute des mots à ce geste, des mots qui appellent à saisir tout et rien à la fois. Elle dit des choses comme ça, de saisir et saisir encore, que si on a l’instinct des premières fois avec ce quelque chose de réjoui dans le cœur, on ne sait jamais quand seront les dernières. Que je dois pas avoir peur, et sortir, et saisir le monde.
Je crois que ce n’est pas vraiment à moi qu’elle parle, mais à ses regrets, de n’avoir pas su quand viendraient certaines de ses dernières fois.
Elle déroule souvent la même histoire qui appartient à un bout de sa vie, de ces longs mois qu’elle a passés dans des îles du nord, de l’eau, l’eau qui va et vient et dort, du contact de l’eau au contact de son corps, des mouvements du corps et de l’eau mêlée, et des grandes vagues qui vous emportent tout comme ça.
Peggy est belle. Peggy est forte.
Tous les matins, elle profite de chaque rayon sur la grande terrasse. Et ses mains et ses bras se hissent et se tendent au plus haut qu'on dirait qu'elle essaie de décoller. Mais c'est juste pour détendre le corps, et elle reste à peindre là des heures et des heures et fixer sur des toiles les lueurs du jour.
Tous les matins, sans couvrir rien, en prière au soleil ou à on ne sait quoi d’indicible qui se tient là dans la ligne d’horizon et qu'elle réussit à attraper pour coller sur ses tableaux qui ne sont pas que des tableaux, qui sont aussi des histoires, de pieds et de jambes qui galopent et jouent à saute-mouton dans les nuages, qui font des pointes et des entrechats au nez du vent, et bien d'autres choses encore.
Peggy elle a plus ses jambes, crouic, coupées, tronçonnées, hachées menu-menu, envolées, emportées, disparues. Chuuuut n’en parlons plus. Dessinons-les plutôt, imaginons leur nouvelle vie. Peggy ne cache rien, elle met ses robes tout pareil, qui vont à mi-cuisses, des robes de soleil tissées dans du tissu de vie. Des robes faites pour danser dans le vent, des robes à dégrafer et à froisser en même temps.
La nuit j’écris des poèmes à Peggy. Poèmes à l’eau, poèmes avec des trèfles, poèmes serment et promesse. Encore quelques-uns. C’est pas des poèmes d’amour, ni des poèmes de désir, juste des petits mots qui disent merci, une ode comme ça à tout ce qu’elle me permet de saisir et qui se loge dans mon ventre comme se logent les trésors dans le fond des eaux. Et puis bientôt je m’en vais, bientôt je les laisse toutes les deux, elle et Maman, comme des amies qui chuchotent tard dans le noir. Je partirai peut-être par là-bas vers le nord et ses îles, et je rendrai à l’eau tous les papiers noircis qui parlent de Peggy, et peut-être que l’eau lui rendra à son tour quelque chose qu’elle lui a pris. Peut-être.
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| | | Auzelles
Messages : 4794 Date de naissance : 16/10/1949 Date d'inscription : 25/10/2017 Localisation : Entre Crau et Camargue
| Sujet: Re: L'historiette du jour... Mer 8 Nov - 6:00 | |
| L'historiette : Tatou mon amour de AgnesComment survivre à l’être aimé, telle est la question. La vieille dame que j’aperçois doit se la poser. Mais pourquoi devant la vitrine de ce tatoueur ? Je l’observe de loin, elle sent mon insistante présence, se retourne et me sourit. Par ce signe affable, je m’autorise à la rejoindre. Vue de loin, ses bras et avants bras sont couverts de taches noires d’une couleur d’ébène. Au fur et à mesure que j’approche, les taches se précisent. Des milliers de petits visages identiques collés les uns aux autres, comme peints à l’encre de Chine me dévisagent. Ils ne sont pas si semblables vue de près. Au fil des années, ils se sont un peu déformés. Certains, joliment, montrent un sourire au coin des yeux. Parfois une bouche se tord gaiement, une autre affiche un rictus. Le nez ne change pas, toujours au milieu de la figure. Les contours des visages fluctuent au gré du mouvement. Au pli du coude, ils se ratatinent, sur l’os externe ils se répandent. Là où ils sont le plus serein, c’est sur le peu de chair qu’il reste au bras juste en dessous de l’épaule. — Il est beau mon homme, me dit-elle avec un soupir en me montrant ses bras. C’était mon premier tatouage de Valentin par Valentin. Asseyez-vous près de moi devant la plus belle vitrine du monde et je vous conterai notre histoire. - Lire la suite de l'historiette:
J’avais tout mon temps, cette vitrine magnifiquement ornée de dessins colorés, posés là pour susciter les envies, captait mon regard et je ne savais lequel je choisirai. Juliette commença à parler, captivante et intarissable. Elle avait connu Valentin à l’école des Beaux Arts de Santa Barbara en Californie. Ils avaient vingt ans. Il apprenait et développait sa passion du dessin miniature, elle celle de la couleur sur panneau immense qu’on appellera plus tard l’art urbain. Ils étaient chacun émerveillés du travail de l’autre. Elle me raconte que Valentin dessinait nuit et jour des petites choses toujours minutieuses et précises à l’aide de son stylet trempé dans l’encre de Chine. Il ajoutait des encres de couleurs sur les conseils de Juliette mais s’il n’y prenait garde, il revenait naturellement à l’encre noire. Il considérait son rêve, utopique mais le même se répétait à l’envie. Il disait : — Un jour je ne tatouerai plus du papier mais de la peau vivante et qui respire. J’aurai mon atelier on the beach et pourrai faire la joie de chacun en imprimant leur rêve dans leur chair. Juliette trouva le local on the beach, en fit un bijou pour tatoueur et l’offrit à son Valentin. Elle fut sa première cliente et s’offrit des dizaines de petits Valentin sur les bras. Parfois, elle venait chercher son inspiration dans ce décor et prêtait ses jolis bras pour décorer la vitrine. Valentin s’en est allé mais tous les jours Juliette est là devant la vitrine. Elle cherche, parmi ces milliers de dessins, le visage de l’être aimé. Si vous passez par là, arrêtez-vous et elle vous contera la vie de son premier tatouage.
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| | | Auzelles
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| Sujet: Re: L'historiette du jour... Jeu 9 Nov - 7:15 | |
| L'historiette du jour : Rêve d’œuvre... de Fabrice MisterfoxLa nuit, je noie ma journée dans le blanc des pages et dans les mots, forts de préférence, tout en savourant un whisky de prix. Je taille la route à grands coups de stylo dans la forêt de papier. Je trace une voie, ma voix, qui serpente souvent, qui se coupe parfois, qui se perd toujours. - Lire la suite de l'historiette:
Plus je m’éloigne des lisières civilisées, plus le stylo s’alourdit et devient difficile à manipuler. Rapidement je suis en sueur, je délire... Je rêve d’un bureau rassurant au cœur d’une ruche climatisée. Je rêve du souffle tiède des ventilateurs d’ordinateurs, de rafales de touches frappées par les milliers de doigts d’employés en transe. Je rêve de collectivité, de clarté, de stabilité... Et je m’éveille en nage au milieu de la page où je m’étais assoupi. La nuit n’est pas finie, il faut repartir.
Je pousse mon stylo devenu gigantesque. Il laisse une large piste d’encre sombre derrière lui. Le sillon qu’il creuse est assourdissant. Je m’arrête fréquemment en m’essuyant le front et je m’étonne de ce noir chemin. Lors d’une de ces haltes humides, je perçois un mouvement derrière le fourré d’un improbable imparfait du subjonctif. Il en sort une femme dans une robe d’opaline. Son visage, ceint d’une couronne blonde, est mangé par une énorme paire d’yeux bleus-rêve. Je lâche ma plume qui s’abat avec fracas tel un tronc immense. Inexpressive, la femme me fixe. Je me vois dans ses prunelles, nous sommes deux dans ses yeux. Je ne suis plus seul. Nous prenons ses mains. Elles sont glacées. Nous restons là, figés, dans le temps qui n’est plus important.
Puis, lentement, se mettent à pleuvoir des branches de papier brun. L’atmosphère s’épaissit. Et, coups de tonnerre, l’air se déchire, la page s’agite. Je sens ses mains m’échapper, elles coulent entre mes doigts ! La belle fuit, elle fond comme neige. Il ne reste à mes pieds que ses deux yeux brisés tels des œufs d’un bleu inoubliable.
Maintenant, le ciel est en sang. Sous une pluie de sépia, se découpent à travers les frondaisons les lugubres silhouettes de plusieurs géants. Je les connais bien, ce sont les quatre faucheurs de l’apocalypse : Lâcheté, Adversité, Frivolité et Médiocrité. Roulent des grondements angoissants. Ils moissonnent ! Affolé, je cours. Le cri sinistre des phrases sectionnées s’amplifie. Je fonce. Tombent les barres des « t » et les points sur les « i ». Je suis perdu ! Je file entre les lignes. En diagonale, je foule des idées rabougries, mal formulées ou fanées dans l’oubli. Et la forêt des mots fait place au marais des maux...
Le marais des maux. Silence soudain. L’averse a cessé, le ciel effacé. J’ai dû changer de chapitre. Je patauge affligé dans un marais-cage de lymphe laiteuse. Je n’ai plus de repère. Le stylo a disparu. La femme a disparu. Les faucheurs ont disparu. La forêt a disparu. Il n’y a que moi et des mots tordus, à peine émergés, pourrissant dans cette eau stagnante. Solitude amère. Pas de retour en arrière. Perpétuité ? Les mots moribonds s’étendent à perte de vue, noyés : errance, persévérance, souffrance, désespérance, errance... Je tourne en rond et pourtant j’avance, rien ne tourne rond ! Incohérence. Une page se tourne, c’est la quatrième de couverture.
Au milieu de la feuille immaculée, il y a un banc de bois. Je suis assis là. Je fais le point, le point final. La bouteille de whisky est vide. Quelque part des oiseaux invoquent l’aube. J’ai survécu au naufrage de la nuit. Je suis fatigué. Ma plume est passée sur le blanc des pages comme une étrave dans l’écume, sans laisser de trace... La nuit j’écris sur l’eau.
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| | | Auzelles
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| Sujet: Re: L'historiette du jour... Ven 10 Nov - 7:16 | |
| L'historiette du jour : N°12 Camel Intense de Ln(x)Mon fond de teint est presque vide. Je sais que je n’en retrouverai pas, c’était un coup de bol absolu, ce flacon sous les décombres du centre commercial ravagé. Tout le monde cherchait des conserves, des bouteilles de n’importe quoi, de la nourriture pour bébé, tout ce qui se garde longtemps et dont on sait que le contenu n’est pas contaminé. Plus besoin d’essayer de dénicher des tampons ou des serviettes, on est tous trop affamés, on n’a plus nos règles depuis des mois. C’est plus pratique, soit dit en passant, l’Advil ne court pas les rues ces temps-ci. Bref, tout le monde cherchait de quoi survivre. Moi aussi, en fait, si on y réfléchit. - Lire la suite de l'historiette:
La première disparition, c’était dans un marécage à la tombée de la nuit. On avait pris un risque, espéré atteindre la caverne indiquée sur notre lambeau de carte IGN avant qu’il fasse noir, mais on n’avait pas compté sur le nid-de-poule dans lequel Yvan s’est tordu la cheville. Entorse, foulure, peu importe, on s’est retrouvé à avancer à l’aveugle avec Yvan en travers des épaules de Mariam en se repérant à tâtons pour éviter d’éventuels autres trous. On a fini par atteindre la caverne. Florence nous a comptés, deux, quatre, cinq, il en manque un. Il en manquait un. Philippe le comptable, sec comme un coup de trique et tout aussi aimable, tout à coup déserteur. On n’a pas allumé de feu. S’il n’avait pas suivi c’était son problème et se rendre repérable aurait été une erreur de plus. Avec un blessé, on était déjà affaiblis. Une attaque, et on passait tous à la casserole – figurativement, évidemment, tout le monde sait que les zombies ne s’embarrassent pas de cuisson. On a fini par s’endormir après avoir attribué les tours de garde. Toujours pas de Philippe le lendemain. On a continué. On croise régulièrement des carcasses sur le chemin. Elles sont toujours trop vieilles, c’est dommage, c’est ce qu’on se dit à chaque fois. Le grand blond dans le fossé nous aurait fait trois repas si on l’avait trouvé deux jours plus tôt, mais maintenant il était trop pourri pour servir à quoi que ce soit sinon à nourrir les herbes folles. Il était musclé, vraiment musclé. Je me demande ce qu’il faisait avant. Je me demande si d’autres survivants sont tombés sur la carcasse de Philippe. Il n’y a vraiment plus rien dans ce fond de teint, putain. Contrairement aux idées reçues, on attrape le zombisme par plein d’autres moyens que par simple morsure. Si vous buvez dans une rivière où des zombies sont passés, vous êtes cuit. Pareil si vous dormez dans un endroit qu’ils ont utilisé, si vous mangez quelque chose auquel ils ont touché, s’ils vous vomissent dessus, si vous inspirez leurs postillons. En gros, passez un peu trop près d’un zombie et vous êtes foutu. Ça rend la prophylaxie très compliquée ; s’il suffisait d’abattre les gens avec des traces de morsure on n’en serait sans doute pas là. Mais on fait avec, on se débrouille, petits groupes par petits groupes. On survit. La deuxième disparition a eu lieu quelques jours après Philippe. Ce coup-là c’était Marie-Félicité, et Florence l’a remarqué beaucoup plus vite. Il ne faisait pas nuit, déjà, ça aide. A un moment donné, Florence a regardé par-dessus son épaule et on n’était plus que quatre. Ça a été plus dur, c’était quelqu’un de bien, Marie-Félicité. Florence a conclu qu’elle avait dû nous perdre de vue – rien que s’arrêter pour refaire son lacet, ça peut suffire dans la montagne. Pas le temps de faire demi-tour, et puis si on avait battu la campagne pendant des heures on se serait fait repérer, c’est sûr. Florence, Mariam, Yvan et moi. Ça ne pèse pas lourd. Cette nuit-là, pendant mon tour de garde, j’ai compté les taches de rouilles sur le canon du fusil pour m’occuper. C’est ça le problème aussi, à chaque fois qu’on perd un membre du groupe on dort moins, parce qu’on doit re-diviser les huit heures. Au départ on était dix, c’était vivable. Maintenant, ça commence à faire longuet. Idéalement il faudrait qu’on trouve un autre groupe qui veuille bien de nous, mais avec la contamination rampante les gens sont de plus en plus soupçonneux, et je les comprends. On n’est jamais trop prudent ces temps-ci, moi y compris. Méfiance. La nuit dernière on a dormi au bord d’un lac, dans une espèce de renfoncement rocheux. La lune s’est levée tout doucement, comme si elle avait peur de déranger, et elle avait bien raison. Quand la lune est visible, les nuits sont toujours plus dures. Ce matin au réveil, Florence n’avait plus de crâne. Elle avait encore de drôles de spasmes, et comme on ne savait pas si elle était encore vivante ou pas et que personne ne voulait la toucher, c’est moi qui lui ai tiré deux balles dans la poitrine, bam bam. Juste après, on s’est rendu compte que c’est elle qui avait la carte dans ses affaires. Personne n’a voulu prendre le risque, on est partis sans. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? On a continué la route au hasard pendant quelques heures. Il faisait chaud, mon fond de teint coulait, c’était épouvantable. Je me suis essuyé le visage sur ma manche, sans y penser. Yvan m’a regardé d'un drôle d'air mais il n’a rien dit. Mariam n’a rien remarqué, elle ne remarque plus grand-chose depuis qu’elle a perdu son bras (pas un zombie, pour le coup, juste un rocher). Quand je lui ai dit qu’Yvan manquait à l’appel, elle a juste haussé les épaules. C’est sûr qu’une cheville en miettes ça ne pardonne pas. On vient de monter le camp. Mon fond de teint tombe de mon visage en petites miettes toutes sèches. Mariam regarde dans le vide. Je ne sais pas si elle se rend compte qu’elle caresse son moignon en tout petits cercles concentriques, comme s’il lui faisait encore mal. Il lui fait sûrement encore mal, j’avais lu un article là-dessus. Qu’est-ce que c’est mal fichu, un humain, et qu’est-ce que c’est beau. Je l’aurais bien gardée, elle – mais je n’avais plus de fond de teint, vous comprenez. C’est elle qui avait le meilleur cerveau de tous. Un zombie, ça ne gaspille pas.
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| | | Auzelles
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| Sujet: Re: L'historiette du jour... Sam 25 Nov - 7:17 | |
| L'historiette du jour : Déjà vu de DounoursJe marchais tranquille sans trop savoir où j’allais ni même où j’étais. « Peut-être qu’à force de rêver on finit par se perdre. » - Lire la suite:
C’était une grande ville, rose dit-on, tout était clair, calme et léger. Alors que je quittais la place Olivier, j’entamais une rue étroite et courte, la rue Réclusane. Là, au numéro 10, je remarquai une vitrine salie par l’oubli avec un intérieur plein de vide. Allez savoir pourquoi je stoppais là. Je fus pris d’une forte et troublante sensation, alors mal à l’aise, je repris mon chemin. Mais chose étrange, comme une curieuse attirance, je ne voyais rien d’autre que cette vitrine. Aussi, je décidai d’y retourner le lendemain et le surlendemain pour finalement m’y rendre tous les jours. Or, une fin d’après-midi, je n’étais pas tout seul. Un petit vieux, sec, un papier maïs aux lèvres était là, songeur. Tout d’abord il m’intrigua et vite il m’intéressa. Je m’approchais doucement en hochant la tête en guise d’un bonjour. Il fit de même tout en retirant sa cigarette de la bouche puis me demanda : — Vous n’auriez pas du feu ? Je répondis, désolé : — Pas de chance, je ne fume pas. On se mit à causer. Sa voix était agréable, chantante et sa conversation reposante faisait qu’on pouvait l’écouter des heures durant. De temps en temps, j’infiltrais une question. Il répondait à tout, simplement et gentiment. Soudain, en indiquant la vitrine je lui demandai : — Savez-vous ce qu’il y avait ici autrefois ? Ses yeux se mirent à briller et je ne sais pourquoi dès cet instant, j’eus l’impression qu’il faisait partie de mes amis, et ce depuis toujours. Il me conta l’histoire. « Jadis au numéro 10, se trouvait un coiffeur chez qui les clients avaient droit à la coupe, soit au rasoir soit aux ciseaux, de plus, sur un air de la Traviata de Verdi. Huit était l’heure d’ouverture ; quant à la fermeture, tout dépendait du temps pris pour l’apéritif. En somme, c’était un de ces lieux conviviaux qui ne désemplissait jamais. » Il mêlait le geste à la parole à la manière d’un rital. Je l’écoutais le cœur emballé, le regard émerveillé et plus il parlait, plus j’étais sûr de le connaître. Cependant, je me gardais bien de l’interrompre. À chacune de ses belles phrases, j’aspirais les mots pour mieux les mémoriser ce qui secouait mon esprit agréablement mais tristement aussi. La nostalgie sans doute. À cette pensée, brusquement je me suis dit : « Quelle nostalgie, je ne connais ni cet homme ni cet endroit ! » La nuit était tombée et sa fraîcheur de nous le rappeler. Je le remerciai et le saluais d’un geste amical en criant : — À demain ! Il me répondit par un sourire muet et s’éloigna dans l’ombre du soir comme on s’éloigne du passé. Le lendemain, j’attendis des heures sans voir arriver mon petit vieux, cela m’inquiéta. Je me renseignai auprès de voisins et de proches commerçants mais personne ne voyait de qui je parlais. Je sentais l’agacement m’envahir quand soudain, devant la vitrine, un couple s’arrêta net. Discrètement je m’approchai, arrivé assez près, j’entendis l’un d’eux dire à l’autre : — Te souviens-tu... Je profitais de l’occasion pour les interpeller : — Excusez-moi, vous n’habiteriez pas dans le coin par hasard ? L’homme quelque peu surpris me répondit : — Non, depuis fort longtemps. Mais vous cherchez quelqu’un peut-être ? — Eh bien oui, figurez-vous qu’hier à votre place, là même où vous vous trouvez, je discutais avec un monsieur dont je ne sais le nom. D’ailleurs, je ne sais rien de lui excepté qu’il a bien connu le coiffeur de l’époque. — Ah bon ! s’exclama l’homme, c’était notre coiffeur à nous aussi mais il y a des lustres et des lustres. Il continua : — Un bien brave homme, après lui plus rien, comme souvent dans ces cas-là. Puis il demanda : — Mais ce monsieur, comment était-il ? — Oh, un petit vieux, maigrelet, aux joues creusées avec une voix qu’on n’oublie pas accompagnée d’un sourire dans les yeux. Vous voyez, le genre simple et gentil. Je voulus poursuivre lorsque je m’aperçus du regard douteux de mes deux interlocuteurs. Intrigué je demandai : — Quelque chose ne va pas ? Ils s’interrogeaient du regard et la dame se tourna vers moi : — Mais diable, vous affabulez ! Moi surpris, je questionnai : — Mais qu’ai-je dit de si choquant ? Et d’une voix autoritaire presque martiale, le mari me lança : — Si ce petit vieux que vous nous décrivez mâchonnait du papier maïs avec l’accent italien, moi je suis le roi d’Espagne. — Stupéfait, je pensais : « Que vient faire un roi là-dedans ? » Alors j’interrogeai : — Et pourquoi ça ? L’homme devenu Roi repris : — Parce que nous nous sommes, ma femme et moi, fait coiffer ici pour la dernière fois il y a 60 ans. Pour lors, nous avions 20 ans, année où notre brave coiffeur lui et son papier maïs disparaissaient. Voilà le pourquoi cher monsieur, sur ce, bonjour chez vous ! Je restais frustré et sans voix. C’est bras dessus, bras dessous que je voyais partir l’impossible, l’incroyable. « J’ai bien parlé à un homme hier, j’en ai encore des frissons. Et cette vitrine, cette rue, ce n°10, je ne l’ai pas inventé... ou alors, c’est que mon imaginaire me joue des tours. Oui, c’est sans doute ça !... » Toutefois, je sais qu’une fois au moins dans notre vie cela nous arrive à tous de s’entendre dire : « Je ne suis jamais venu ici et pourtant j’ai l’impression d’y revenir. »
Et cela peut vous paraître stupide ou ridicule mais je pense souvent à mon petit vieux et son papier maïs.
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| | | Auzelles
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| Sujet: Re: L'historiette du jour... Dim 26 Nov - 7:35 | |
| L'historiette du jour : Brouillard de BerndtdasbrotDepuis la nuit des temps, c’était ainsi. Bien avant même l’existence des clones et de Google. Un rite incontournable pour chaque homme. Un passage. Pas d’âge défini pour s’y mesurer ; juste être prêt. Prêt à affronter le brouillard moite et épais qui pénètre l’abîme de votre cortex. Rejoindre l’autre versant où attendrait, peut-être, un soleil qui perce de ses rayons le lac équanime. - Lire la suite de l'historiette:
Certains n’osaient l’affronter et se terraient dans les galeries souterraines, où la lumière ne peut vous mutiler. Derrière des fenêtres où défilaient des vies et des envies. Les vies d’avant, celles des autres, des chimères, des mensonges et des ténèbres. Ils pouvaient toucher du bout des doigts ces écrans magnétiques et impénétrables. Toucher du bout des doigts leurs rêves et les vivre par mimétisme. Le froid paralysait ses mains et brûlait ses oreilles. Bernie n’osait plus ouvrir sa bouche pour respirer, le givre pénétrait au plus profond de sa gorge et gelait ses amygdales. Ses jambes continuaient d’avancer, mécaniquement. Bernie ne comprenait même pas quel moteur avait pu l’entraîner ici, dehors, à courir en plein hiver. Des peupliers squelettiques tremblaient de froid et retenaient d’un fil leurs branches de verre. Un chien galeux le suivit sur quelques mètres, avec l’espoir que cette silhouette instable daigne le regarder, et pourquoi pas le caresser. Bernie ne le vit pas. Depuis longtemps, ses yeux étaient clos. Depuis cinq ans, peut-être. Les pilules amères et colorées, et ce sentiment, comme une seconde peau, d’être un intrus dans sa propre enveloppe charnelle. Personne dans ce chemin désert, et c’est mieux ainsi, pensa Bernie. Juste une voix, qui sifflait dans le vent et lui soufflait d’avancer. S’arrêter ici serait mourir. Le froid, la tristesse et la peur. Plus Bernie courrait, plus la brume se dissipait. Des signes de vie, des signes de mort. Un vent frais fouettait sa face. Trois sensations caressaient la peau de Bernie. Le rire de Lo qui renverse les ombres et cicatrise les blessures. Les siennes et celles des autres. Le visage picoré par les taches de rousseur. La douceur, la caresse de Tina. Son souffle chaud et rassurant qui véhicule l’altruisme. La tendresse pour effacer les blessures. Les siennes et celles des autres. Les allégories de Marie. Elfe aux yeux de velours qui diffuse dans les esprits des légendes et des mythes pour masquer les blessures. Les siennes et celles des autres. Bernie accéléra. La sueur perlait sur son front, gouttait sur ses paupières, glissait dans ses pupilles et l’aveuglait. Un coquelicot fendait d’un rouge écarlate la grisaille ambiante. Bernie se méfia. Comment la vie pourrait-elle réapparaître aussi simplement ? Il savait que ce ne pourrait pas être aussi simple. Sinon il l’aurait su avant. C’est ridicule. Face à face dans leurs fauteuils, elle lui avait dit simplement : — J’ai vu dans la noirceur des prisons, les hommes m’avouer leurs monstruosités. J’ai senti la honte et la douleur, le crime et le fiel. Elle avait ouvert un petit carnet, un carnet d’écolier. — Alors je vous écoute. Qui êtes-vous ? Et il avait pensé qu’il ne pourrait pas répondre à cette question. Les primevères de son père habillaient les talus. Sans les toucher, il se rappela le velours de leurs parures. En allié, un soleil timide tentait de percer la brume. Bernie ralentit sa course et leva le visage vers le ciel pour sentir la chaleur du rayon solaire. Son corps était chaud à présent et il ne parvenait déjà plus à ressentir le froid qui l’avait habité. Dans les champs, les tournesols pivotaient à son passage pour suivre sa course folle. Des papillons bigarrés claquaient des ailes pour imprimer un rythme et s’évanouissaient en feu d’artifice. Artifices. Ceux du monde qui le cernait. Artifice des mots, des gestes. Artifices qu’il tentait de fuir, et pour ce faire : traverser le brouillard. Un virage sec, un tapis de feuilles moelleux et orangé. Ses pas ne résonnaient plus dans sa tête en martelant le sol. Une certaine légèreté l’habitait à présent. Des champignons, polis et distingués, soulevèrent leurs chapeaux en guise de salut et d’encouragement. Plus sensuelles, les châtaignes entrouvrirent leurs bogues pour laisser apercevoir leur fruit. Les araignées recouvraient de barbapapa haies et talus. Et le rire de Lo, et le souffle de Tina, et les mots de Marie. Quelques cotons de flocon s’évadèrent des nues. Le brouillard cédait déjà. Ce n’était que ça ? Pourquoi avoir tant attendu ? Pourquoi n’avoir pas osé ouvrir les yeux ? Pourquoi s’être tant de fois heurté au mur ? Pourquoi avoir cherché la fuite dans les mensonges ? Mensonge. Les siens, moteur et gouvernail. Mensonge du monde, dans les mots, les mains serrées et dans chaque geste. Traverser le brouillard pour abandonner ces mensonges derrière lui. Une longue descente comme un tapis roulant. Bernie se laissa glisser. Plus besoin de mouvoir ses jambes. Le tapis l’emportait. Il avait à peine souffert, quelques bosses pour le retarder, une certaine attraction pour l’entraîner à faire demi-tour, les écrans lustrés pour le rappeler, comme un aimant. Des fleurs aux odeurs de guimauve, des écureuils aux yeux noisette. La tendresse d’un conte. Sentir l’odeur de la légèreté. Légèreté. Un trésor enfoui. Une richesse interdite dans les postures hiératiques exigées et incontournables. Et le rire de Lo, et le souffle de Tina et les mots de Marie. Il ferma les yeux. Se demanda si la ligne d’arrivée serait matérialisée. Un drapeau à damier ? Faudra-t-il continuer à courir ? Un spectre vert se dessina dans le ciel, se lova dans le ciel noir. Un feu follet violet l’enlaça et dansa dans ses bras. Des fantômes qui glissaient et envoûtaient la voûte. Il s’arrêta, essoufflé, les mains sur les genoux. Des aurores boréales, des fées au zénith. Les voix, le souffle et le rire. Il respira profondément. C’est là.
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| | | Auzelles
Messages : 4794 Date de naissance : 16/10/1949 Date d'inscription : 25/10/2017 Localisation : Entre Crau et Camargue
| Sujet: Re: L'historiette du jour... Lun 27 Nov - 5:57 | |
| L'historiette du jour : Le Facteur Temps de JulyC'est ce matin qu'il passe. J'ai eu un délai de trois jours mais aujourd'hui, il revient... Combien gagnerai-je de temps ? Un jour, une semaine, un mois... Allons, ne rêvons pas ! Certaines personnes disent qu'elles y sont habituées, je ne peux les croire. Je ne sais pas si je pourrai faire abstraction de cette épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Je vis pourtant comme ça depuis ma naissance et je connais les règles mais je ne m'y fais pas. Je l'attends à chaque fin de délai, l'espérant et le redoutant à la fois. - Lire la suite de l'historiette:
Le Facteur Temps. Joli jeu de mot pour désigner celui qui vous annonce par courrier le temps qu'il vous reste à vivre. S'il sonne à votre porte vous pouvez vous estimer heureux, vous avez un délai supplémentaire. Sinon, vous mourrez dans la journée. Drôle d'existence que la nôtre... Ce facteur arrive tranquillement dans son beau costume bleu marine, sourire aux lèvres. Il vous tend cette enveloppe blanche immaculée qui contient quelques jours, quelques souffles de vie en plus. Bien sûr, il est contraire à la loi de leur parler, sous peine d'exécution immédiate. Mais je voudrais bien savoir d'où ils viennent et s'ils sont soumis au même régime que nous. Malheureusement la curiosité est un vilain défaut. Certains jours où je sens la mort vraiment proche, je voudrais lui sauter dessus, le frapper jusqu'à voir le sang couler de son visage lisse et sans expression. Je voudrais pouvoir lui prendre toutes les enveloppes qu'il garde précieusement dans sa sacoche et tant pis pour les autres ! Mais je sais que cela ne me mènerait nulle part. J'ai déjà vu des gens essayer de se rebeller contre lui et ça a toujours fini de la même façon. La mort quasi instantanée dudit rebelle. Certains pensent qu'à la naissance on nous implante une puce mais je n'y crois pas trop. Ça ressemblerait vraiment trop à de la science-fiction. Mais peut-être qu'un jour quelqu'un arrivera à trouver une astuce pour contourner le système... Ou peut-être que le monde changera ! Je plaisante bien sûr.
J'ai vingt-cinq ans et d'après les statistiques, j'arrive en bout de course. Je fais partie de la génération vieillissante qui voit ses délais raccourcir de plus en plus à chaque fois. Je sais que bientôt, j'attendrai le Facteur Temps en vain et à la fin de la journée, je serai mort. Viendra-t-il aujourd’hui ou me laissera-t-il périr ?
Je crois l'entendre arriver, ou est-ce simplement mon imagination ? Mais non, j’entends bien son pas régulier sur le gravier de l’allée. Il monte maintenant les marches du perron, dans quelques secondes il va sonner. Mon corps tout entier est pris de violents tremblements, ma vue se brouille. C’est à chaque fois pareil. Je suis au bord de la syncope mais mes pieds se dirigent déjà vers la porte, comme animés d’une volonté propre, la volonté de vivre. Mon esprit a rendu les armes mais je ressens ce que l’on nomme fréquemment l’instinct de survie. Ce sentiment qui pousse notre corps à continuer alors que notre âme a disparu. Je saisis la poignée et elle me brûle. Combien de temps cette fois ? J’ouvre la porte, il est là souriant. L’enveloppe est dans sa main, il me la tend. J’hésite un moment, après tout pourquoi ne pas en finir tout de suite ? Le Facteur Temps a l’air surpris de mon hésitation. Habituellement les gens se jettent sur l’enveloppe et la déchirent fébrilement alors qu’il n’a même pas tourné les talons. Devant mon absence de réaction, il se questionne. Puis il pose l’enveloppe sur le paillasson et tourne les talons en me lançant un « Bonne Journée ! » énergique des gens qui se sentent en sécurité. J’attends qu’il parte puis je me saisis de ce morceau de papier qui va décider de mon sort. Je claque la porte et je m’écroule par terre.
Je veux du temps. Plus de temps ! Je veux pouvoir me dire que j’atteindrai le week-end en vie. J’ouvre délicatement l’enveloppe, fourreau de mes espoirs. J’en sors l’habituel petit carton et je lis :
« Le Gouvernement Mondial et le Service de Régulation de la Surpopulation ont l’honneur de vous accorder un délai de 4 JOURS de vie supplémentaire. Veuillez agréer, M. I..., l’expression de nos salutations les plus cordiales. »
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| Sujet: Re: L'historiette du jour... Mar 28 Nov - 6:45 | |
| L'historiette du jour : Apprendre à voler de GeoffroyLa chambre était plongée dans l’obscurité, mais sur le plafond des étoiles phosphorescentes renvoyaient suffisamment de lumière pour que l’on puisse clairement distinguer le planisphère qui faisait face au lit. La porte, complètement couverte d’autocollants, rappelait à Paul ses nombreux voyages. Lorsqu’il rentrait de vol, il ne manquait jamais de compléter la collection de son fils. Assis sur la moquette à côté du lit, il cherchait dans le fond de sa mémoire de quoi émerveiller Nicolas qui, blotti sous son édredon, écoutait attentivement son histoire. - Lire la suite de l'historiette:
Comme d’habitude, l’exotisme de ses récits n’en finissait pas de l’enthousiasmer. Passionné par ces aventures, il regardait son père avec les yeux brillants qu’ont pour leurs héros les petits garçons de six ans. Cela faisait près de vingt minutes qu’il lui expliquait de quelle manière il avait échappé à la charge d’un lion. Après une course effrénée, il était monté à bord de son avion, avait fait tourner les moteurs à plein régime et avait redécollé. Nicolas connaissait cette histoire par cœur mais peu lui importait, il la lui réclamait chaque fois. Fasciné par cet épisode rocambolesque de l’enfance africaine de son père, serré contre sa peluche favorite, il essayait malgré la fatigue de se figurer chacune de ces scènes et se laissait transporter par leur magie. Il se faisait tard. Comme son fils bâillait et se frottait les yeux, Paul s’interrompit. Le petit bonhomme semblait maintenant prêt à dormir. — Bonne nuit, lui dit-il d’une voix ferme et protectrice. — La prochaine fois, tu m’expliqueras comment vous faisiez pour voler ? supplia l’enfant, plein d’admiration. — Nous verrons, répondit-il. Si tu continues à être aussi sage oui, peut-être te le dirai-je. J’éteins la lumière et si quelque chose ne va pas, tu m’appelles. Il quitta la pièce et s’éloigna dans le couloir, le plancher craqua sous la moquette. Nicolas ne tarda pas à s’endormir. Son imagination poursuivit cependant le voyage qu’il venait d’entreprendre. Il atterrit presque aussitôt au beau milieu du conte paternel. Assis sur la selle d’un vélo bleu, lancé à pleine vitesse, il se cramponnait fermement à la courbure du guidon. Chaque tour de roue le rapprochait d’un tremplin grâce auquel il allait être propulsé dans les airs. Sans qu’il ne puisse vraiment comprendre comment, dans un impressionnant nuage de poussière rouge, il quitta le sol. Il éprouvait désormais la sensation de voler. Depuis le ciel s’offrait à lui une vue imprenable sur cette ville enchanteresse. Comme il lui était agréable de se laisser porter au gré du vent dans cette contrée qu’il ne connaissait pas. Secrètement, il espérait y apprendre de quelle manière son père avait réussi à voler...
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| Sujet: Re: L'historiette du jour... Mer 29 Nov - 7:34 | |
| L'historiette du jour : Danse Maman, danse... de MamounetteIl court, son cœur cogne fort dans sa poitrine, il s'enfuit vers les siens, vers son camp installé au bord de la rivière sous les vieux platanes. Poursuivi par la haine imbécile des gens du village qui lui jettent des pierres et des insultes. Il ne comprend pas pourquoi une pierre a atteint son front où une petite étoile rouge s'élargit au milieu des mèches brunes. Les mots poignards ont déchiré son cœur d'enfant : « Sale romanichel ! Fils du diable ! » Alors il court à perdre haleine pour se réfugier dans les jupes amples de grand-mère. Elle lui a dit que la semaine dernière, sa maman était partie danser avec les anges. Le soir, assis devant la roulotte, il croit voir à l'horizon, vers l'ouest, derrière les nuages, tournoyer les volants de sa robe couleur de flammes et les franges de son grand châle noir. - Lire la suite de l'historiette:
De temps en temps, au gré des errances, il va un peu à l'école. Il aimerait apprendre à lire pour voyager encore plus loin et découvrir ces pays de soleil et de vent dont parlent les livres, ces montagnes enneigées, ces immenses plaines où galopent les chevaux sauvages, ces îles lointaines où les gens pêchent dans les eaux turquoise comme la pierre qui orne la bague de grand père. Pauvre grand-père ! Il reste assis des journées entières à regarder le vide. Ses doigts morts ne font plus danser l'archet sur les cordes de son violon. L'enfant gitan, assis à ses pieds, ne se lassait jamais de l'écouter jouer pendant des heures. Alors, il fait comme tous les siens, à son tour et sans avoir jamais appris, il fait rire et pleurer l'instrument magique. La tête penchée de côté, il cale son violon sous son menton et lève l'archet. Ses prunelles sombres fixent l'horizon qui flambe. « Danse, danse encore pour moi Maman. »
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| Sujet: Re: L'historiette du jour... Jeu 30 Nov - 6:35 | |
| L'historiette du jour : Mon plus beau Noël de Hermann SboniekIl y a bientôt deux heures que nous sommes cachés derrière le mur d’enceinte du square Mère Teresa. Nous profitons de l’abri d’une petite haie de buis pour être quasiment invisibles. Dans la nuit noire, un réverbère isolé diffuse une lumière tamisée. Un léger brouillard enveloppe les maisons environnantes. Il n’y a pas un bruit. Quelques flocons épars flottent dans l’air avant de se poser délicatement sur le sol gelé. - Lire la suite de l'historiette:
Je m’appelle Mattéo et j’ai dix ans, c’est la première fois que Papa m’emmène avec lui à l’affût. — Comment ça va fiston, pas trop froid ? — Non, tout va bien. Tu crois qu’on va en voir un ? — On n’est jamais sûr de rien, mais c’est la saison et j’en ai déjà vu au bout de cette rue. — Ce serait extraordinaire. — D’habitude, c’est l’heure à laquelle ils sortent. Je regarde mon père scruter l’obscurité, j’observe ses grosses mains velues, je sens la force se dégager de son corps. Je me blottis encore un peu plus contre lui. Soudain il murmure : — Chuuttt, j’entends un bruit. Instinctivement, nous nous recroquevillons, je retiens ma respiration, les yeux rivés dans la direction qu’il me désigne en tendant l’index. — Regarde ! Une ombre se déplace. — Je ne vois rien ! — Tiens, prends ces jumelles. Calmement, j’approche l’appareil de mes yeux, je règle l’écartement et tourne la molette de la mise au point. Après un court instant, la masse diffuse s’approchant de la lumière devient enfin nette. Je distingue parfaitement les formes et les couleurs : un vieux monsieur barbu, coiffé d’un bonnet et tout de rouge vêtu, juché sur un traîneau tiré par quatre rennes fumants. Il est là ! — Plus un bruit ! chuchote mon père à mon oreille. — Il est magnifique — Oui, il semble énorme. — Tu crois que tu peux l’avoir ? — Oui, si il se rapproche encore un peu... Le père Noël est maintenant arrêté en pleine lumière. Il tient fermement les rênes de son attelage tout en observant autour de lui. La tête relevée, il hume l’air environnant. Grâce au fort grossissement, je peux voir ses narines tressaillir. Sous son bonnet rouge, ses petits yeux malicieux se déplacent par à-coups entre ses paupières. Sans crier gare, il lance son cri : — Ho ! Ho ! Ho ! Puis il éclate de rire tout en lissant sa barbe blanche. — Dis Papa, tu penses qu’il nous a vus ? — Je ne crois pas, sinon il aurait déjà détalé. — Tu crois qu’il est assez près ? — Oui, on va essayer. Papa se saisit alors tout doucement de sa carabine et enlève les protections de la lunette de visée. Toujours au ralenti, il épaule et met en joue le bonhomme en rouge. Il prend une grande inspiration et approche son œil de l’oculaire quand il sent ma main agrippée au bout de sa manche. Je donne des petits coups secs tout en l’implorant du regard. Le miracle de la complicité unissant un père à son fils dans de tels moments opère instantanément, il lit dans mon regard, aucun mot n’est nécessaire. Il repose son arme, me place devant lui et avec des gestes lents, il installe la carabine entre mes mains. — Tu vas voir, ce n’est pas difficile Je tremble d’excitation, Papa m’enveloppe de ses bras, sa bouche tout contre mon oreille, il murmure ses instructions. — Calme-toi. Respire profondément... Voilà, c’est bien. Ta main gauche sous le fût... Ta joue contre la crosse... Et maintenant tu poses ton index droit sur le pontet... Non, pas encore sur la détente. Ne bouge plus. Je vois le gaillard joufflu et barbu en gros plan à travers les lentilles. Soudain, il disparaît de mon champ de vision. Je jette un coup d’œil inquiet à mon père. — Je crois que c’est ton jour de chance fiston, il va pisser. Chez ces vieux mâles, ça leur prend toujours au moins cinq minutes. Ils ont tous la prostate en compote. Tu vas pouvoir l’ajuster tranquillement. Le père Noël descend de son traîneau. Les deux pouces passés dans son ceinturon, il inspecte les alentours. Satisfait, il relève son manteau et déboutonne sa braguette. Il nous fait face, sans se douter de rien. Papa replace ma joue contre la crosse. — Prends ton temps, il ne va pas bouger. — Je tire où ? — Pas dans la tête, ça va l’abîmer. Vise plutôt le cœur, quinze centimètres en dessous de sa clavicule gauche. La silhouette dans le viseur est énorme, la carabine en appui sur le muret ne bouge pratiquement pas. J’amène la croix graduée à l’endroit indiqué. — Je crois que j’y suis Papa. — Fais glisser délicatement ton doigt sur la gâchette. — Ça y est. — Si tu es sûr d’avoir bien visé, tu presses la détente sans à-coups. La détonation est fracassante, l’arme fait un bond dans mes bras et pendant un court instant, je ne vois plus rien. Les rennes détalent, et leur propriétaire reste seul sous le lampadaire. Tout d’abord, j’ai cru l’avoir manqué. Il est toujours droit sur ses jambes, il fait un pas en avant et semble chercher son équilibre. Quand il tente de bouger son autre jambe, ses genoux se dérobent et il tombe face contre sol. — Bravo fiston, je crois que tu l’as eu ! Tout en courant vers la dépouille, je savoure mon triomphe sous le regard rempli de fierté de mon père. — Bravo Mattéo, c’est un mâle d’au moins 120 kilos. C’est un vrai père Noël sauvage, pas comme ces saloperies d’élevage qu’on voit tourner autour des galeries Lafayette. Je vais aller chercher le 4X4 pour le ramener à la maison. C’était il y a soixante-quinze ans. Maintenant, je suis au crépuscule de ma vie et je repense toujours à cette nuit avec émotion. Ce fut sans doute mon plus beau Noël. Depuis, les choses ont bien changé, la chasse au père Noël a été totalement interdite l’année de mes onze ans. Papa a rangé sa carabine dans une armoire fermée à clef et il ne l’a plus jamais ressortie. Nous avons de temps en temps évoqué cette nuit magique, mais toujours entre nous. Qui voudrait croire des horreurs pareilles ?
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Messages : 4794 Date de naissance : 16/10/1949 Date d'inscription : 25/10/2017 Localisation : Entre Crau et Camargue
| Sujet: Re: L'historiette du jour... Ven 1 Déc - 6:32 | |
| L'historiette du jour : Le chiffonnier de l'océan de IsdanitovJe m’étais lié d’amitié avec un ancien loup de mer que chaque marée ramenait inlassablement au bord de l’océan, matelot ayant la nostalgie du bout du monde : Madagascar, Cuba, la presqu’île de Malabar, Campèche, Lisbonne au Portugal, ou encore le canal de Panama. Je l’imaginais faisant le tour du monde à la barre de son cotre du temps où la marine se faisait à la voile et il ne me contredisait pas. - Lire la suite de l'historiette:
Réunis par un même besoin de contemplation et d’évasion, je fréquentais la digue, il fréquentait la grève ; nous eûmes chacun la curiosité de l’autre, lui de mes toiles et de mon chevalet moi, de ses trouvailles. Il m’expliquait les courants, les marées, l’heure des départs, l’heure des arrivées. Il connaissait les bateaux, leur port d’origine, le nom de leur capitaine et me parlait des cargaisons comme on parle des choses qui vous appartiennent.
Je l’écoutais, envieux. Il parlait sans se faire prier.
— Tu vois, me disait-il à la fin du jour, c’est l’heure.
Tandis que face à la mer, nous observions l’horizon et que le soleil plongeait.
L’oeil attentif, la casquette sur la tête, exposé aux embruns, seul ne semblait compter pour lui que le rayon vert. Je pense que ces soirs-là, il en rajoutait un peu et, bon prince, je feignais de ne rien remarquer et je l’interrogeais :
— Vous l’avez déjà vu ? — Bien des fois, répondait-il, mais pas aujourd’hui.
Les yeux dans le vague, l’air mystérieux, il se taisait, reconnaissant que je ne l’interroge pas plus avant. Je n’osais parler, attendant je ne sais quoi. Un signe de sa part, mais lequel ?
Parmi les galets, il ramassait alors ce qu’il pouvait y trouver. Il appelait cela ses « fortunes de mer ». En guise de fortune il s’agissait principalement de bouts de bois flottés, de vieux morceaux de cordages, de quelques morceaux de liège et rien ne le mettait plus en joie que de trouver, chose rare, une vieille bouteille refoulée sur la plage. Équipé d’un vieux sac qu’il remplissait de bric et de broc, le vieux s’enthousiasmait et jubilait. Été comme hiver, chaque jour, il revenait.
Un jour, alors qu’il faisait gros vent, il ne parut point, et pas davantage le lendemain.
Me rendant au phare dont il avait la charge, afin de m’assurer de son état de santé, je le rencontrai en chemin. Il me parut bien mal en point, portant à l’épaule son sac de toile passablement gonflé qu’il refusa de me confier.
— C’est pour aujourd’hui, me dit-il, accompagne-moi, tout ira bien. C’est ma tâche, c’est ma peine. Un jour tu auras à t’acquitter de la même, prends ton temps, ne sois pas trop pressé.
Tout à la fois rassuré de le voir marcher et intrigué, je le suivis au bord de l’océan.
— Écoute-moi bien, me confia-t-il, tu es le suivant, c’est ta destinée.
Et d’ouvrir son sac contenant des dizaines de bouteilles avec un bateau dedans. Émerveillé, je l’écoutai.
— Vois-tu, il en faut un. Je l’étais, construisant ces bateaux en bouteille avec ce que je trouvais. Aujourd’hui, ils reprennent la mer et je disparais. Veille, et s’ils reviennent, coule-les. Rien sur cette côte ne doit jamais rappeler que je m’y suis arrêté. Tu feras de même.
Devant mon étonnement, nous jetâmes toutes les bouteilles à la mer et nous les regardâmes s’éloigner dans le soleil couchant. Il me remit ensuite les clés du phare, me dit adieu et prit la mer.
Je ne le revis jamais et pourtant, l’œil attentif, je scrute l’horizon lorsque le soleil plonge et je ramasse des « fortunes de mer » pour en faire des bateaux en bouteille.
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| | | Auzelles
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| Sujet: Re: L'historiette du jour... Sam 2 Déc - 6:08 | |
| L'historiette : La hotte a disparu (Hellokids)Le jour de Noël se passait très bien jusqu'à ce que le père noël découvre qu'il n'avait plus sa hotte. Le père Noël était déboussolé, il ne savait quoi faire jusqu'à que son lutin Rudolf lui dise quoi faire. Le père fit ce que Rudolf lui avait dit. Il alla donc voir si elle était rangée dans sa chambre, mais elle n'y était pas. - Lire la suite de l'historiette:
Il regarda partout sauf dans son atelier. Il fut une petite pause le temps de réfléchir. Il prépara ses rennes pour les livraisons des cadeaux. Son renne au nez rouge lui demanda ce que le père noël avait.
Le père noël répondit :
- Je ne trouve plus ma hotte.
- Que dois-je faire ?
- As-tu regardé dans ton atelier ?
- Non, dit le père Noël.
- Attends je vais t'aider, dit le renne.
- Merci, dit le père Noël.
Tous les deux sont alors allé voir où était la hotte du père Noël mais ils n'avaient rien trouvé jusqu'à ce que le père Noël se rappele où il l'avait mis.
- Mais que je suis bête je l'ai mis dans l'armoire qui est dans mon atelier.
- Je possède une clef pour cette armoire.
Le renne était très fier d'avoir retrouvé la hotte du père Noël et l'histoire se finit avec les livraison des cadeaux.
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| Sujet: Re: L'historiette du jour... Dim 3 Déc - 7:18 | |
| L'historiette du jour : Rudoff la renne du père NoëlRudolf était un renne, très grand et fort, qui vivait dans la forêt. Contrairement aux autres rennes, il avait un nez entièrement rouge. Les autres rennes se moquaient de lui à cause de son nez et les villageois ne voulaient pas le faire travailler car ils le trouvaient étrange. Pourtant Rudolf était travailleur, courageux et gentil. Mais à cause de sa différence, il était seul et sans travail. Cela le rendait très triste. Un jour, qu’il traversait une clairière, il rencontra un vieil homme, à la grande barbe blanche et tout vêtu de rouge, histoires. Celui-ci était assis sur un traîneau rempli de cadeaux. Mais il n’y avait personne pour le tirer. Le vieil homme avait l’air abattu, alors Rudolf s’approcha et lui demanda ce qu’il faisait là, au milieu de la forêt. - lire la suite de l'historiette:
L’homme lui dit : « je suis le père noël. Je dois apporter tous ces cadeaux aux enfants du monde entier. Mais mes chiens de traîneau se sont enfuis et je ne peux pas faire la distribution. Oh ! Comme tous ces enfants vont être malheureux. »
Rudolf lui dit alors : « Je m’appelle Rudolf et je vais vous aider. Je ne peux pas vous laisser dans cette situation. Je vais vous conduire aux autres rennes pour qu’ils vous aident. »
Le père noël repris espoir et suivi Rudolf. Quand ils arrivèrent devant les rennes, Rudolf demanda de l’aide. Les rennes acceptèrent et tous se rendirent au traineau.
Les rennes se mirent en position et demandèrent lequel d’entre eux serait celui qui dirigerait le traineau. Peut-être le plus haut ? Ou le plus fort ? Ou celui avec les plus grands bois ? Le père noël leur dit : « Mais non voyons, c’est ce renne que voici qui dirigera le traîneau.»
« Nez rouge ? Mais pourquoi lui ? »
« Et bien c’est assurément le plus gentil et le plus serviable de tous. N’écoutant que son grand cœur, il est venu vous demander votre aide alors que vous vous moquiez de lui. C’est lui qui a sauvé le noël de tous les enfants. Je vais le nommer premier renne du traîneau du père noël, s’il le souhaite bien sûr. » histoires du père Noël Rudolf n’avait jamais été aussi heureux et fier de sa vie. Son nez rouge se mit à clignoter.
« Oh, Père Noël, rien ne me ferait plus plaisir. Merci beaucoup. Mais mon nez… »
Le père noël se mit à rire. ah hahah ah ah ….
« Mais voyons, mon traîneau aura encore plus fière allure si c’est un renne au nez rouge qui le dirige. Cela ne pouvait pas mieux tomber. »
Et tous les rennes se mirent à rire aussi mais pas pour se moquer de Rudolf cette fois. Ils voulurent s’excuser mais Rudolf leur avait déjà pardonné.
Le père noël regarda sa montre et dit : (d’un ton affolé) « houlà, nous sommes déjà très en retard. Nous n’arriverons jamais à temps pour la distribution des cadeaux. »
Les rennes, dirigés par Rudolf, se mirent en route. Ils tirèrent si fort que le traineau décolla du sol et se mit à voler.
Et c’est ainsi que le noël des enfants fut sauvé !
Rudolf n’a plus jamais quitté le père noël et il dirige toujours son traineau depuis toutes ses années. Et même si parfois les lutins le taquinent, notamment son ami Fripon, Rudolf est le plus heureux des rennes.
Voilà maintenant tu sais tout sur l’ histoires du père Noël et sa rencontre avec Rudolf
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| | | Auzelles
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| Sujet: Re: L'historiette du jour... Lun 4 Déc - 5:49 | |
| L'historiette du jour : La petite filles aux allumettes - conte AndersenIl faisait effroyablement froid; il neigeait depuis le matin; il faisait déjà sombre; le soir approchait, le soir du dernier jour de l'année. Au milieu des rafales, par ce froid glacial, une pauvre petite fille marchait dans la rue: elle n'avait rien sur la tête, elle était pieds nus. Lorsqu'elle était sortie de chez elle le matin, elle avait eu de vieilles pantoufles beaucoup trop grandes pour elle. Aussi les perdit-elle lorsqu'elle eut à se sauver devant une file de voitures; les voitures passées, elle chercha après ses chaussures; un méchant gamin s'enfuyait emportant en riant l'une des pantoufles; l'autre avait été entièrement écrasée. - Lire la suite de l'historiette:
Voilà la malheureuse enfant n'ayant plus rien pour abriter ses pauvres petits petons. Dans son vieux tablier, elle portait des allumettes: elle en tenait à la main un paquet. Mais, ce jour, la veille du nouvel an, tout le monde était affairé; par cet affreux temps, personne ne s'arrêtait pour considérer l'air suppliant de la petite qui faisait pitié. La journée finissait, et elle n'avait pas encore vendu un seul paquet d'allumettes. Tremblante de froid et de faim, elle se traînait de rue en rue.
Des flocons de neige couvraient sa longue chevelure blonde. De toutes les fenêtres brillaient des lumières: de presque toutes les maisons sortait une délicieuse odeur, celle de l'oie, qu'on rôtissait pour le festin du soir: c'était la Saint-Sylvestre. Cela, oui, cela lui faisait arrêter ses pas errants.
Enfin, après avoir une dernière fois offert en vain son paquet d'allumettes, l'enfant aperçoit une encoignure entre deux maisons, dont l'une dépassait un peu l'autre. Harassée, elle s'y assied et s'y blottit, tirant à elle ses petits pieds: mais elle grelotte et frissonne encore plus qu'avant et cependant elle n'ose rentrer chez elle. Elle n'y rapporterait pas la plus petite monnaie, et son père la battrait.
L'enfant avait ses petites menottes toutes transies. «Si je prenais une allumette, se dit-elle, une seule pour réchauffer mes doigts? » C'est ce qu'elle fit. Quelle flamme merveilleuse c'était! Il sembla tout à coup à la petite fille qu'elle se trouvait devant un grand poêle en fonte, décoré d'ornements en cuivre. La petite allait étendre ses pieds pour les réchauffer, lorsque la petite flamme s'éteignit brusquement: le poêle disparut, et l'enfant restait là, tenant en main un petit morceau de bois à moitié brûlé.
Elle frotta une seconde allumette: la lueur se projetait sur la muraille qui devint transparente. Derrière, la table était mise: elle était couverte d'une belle nappe blanche, sur laquelle brillait une superbe vaisselle de porcelaine. Au milieu, s'étalait une magnifique oie rôtie, entourée de compote de pommes: et voilà que la bête se met en mouvement et, avec un couteau et une fourchette fixés dans sa poitrine, vient se présenter devant la pauvre petite. Et puis plus rien: la flamme s'éteint.
L'enfant prend une troisième allumette, et elle se voit transportée près d'un arbre de Noël, splendide. Sur ses branches vertes, brillaient mille bougies de couleurs: de tous côtés, pendait une foule de merveilles. La petite étendit la main pour saisir la moins belle: l'allumette s'éteint. L'arbre semble monter vers le ciel et ses bougies deviennent des étoiles: il y en a une qui se détache et qui redescend vers la terre, laissant une traînée de feu.
«Voilà quelqu'un qui va mourir » se dit la petite. Sa vieille grand-mère, le seul être qui l'avait aimée et chérie, et qui était morte il n'y avait pas longtemps, lui avait dit que lorsqu'on voit une étoile qui file, d'un autre côté une âme monte vers le paradis. Elle frotta encore une allumette: une grande clarté se répandit et, devant l'enfant, se tenait la vieille grand-mère.
- Grand-mère, s'écria la petite, grand-mère, emmène-moi. Oh! tu vas me quitter quand l'allumette sera éteinte: tu t'évanouiras comme le poêle si chaud, le superbe rôti d'oie, le splendide arbre de Noël. Reste, je te prie, ou emporte-moi.
Et l'enfant alluma une nouvelle allumette, et puis une autre, et enfin tout le paquet, pour voir la bonne grand-mère le plus longtemps possible. La grand-mère prit la petite dans ses bras et elle la porta bien haut, en un lieu où il n'y avait plus ni de froid, ni de faim, ni de chagrin: c'était devant le trône de Dieu.
Le lendemain matin, cependant, les passants trouvèrent dans l'encoignure le corps de la petite ; ses joues étaient rouges, elle semblait sourire ; elle était morte de froid, pendant la nuit qui avait apporté à tant d'autres des joies et des plaisirs. Elle tenait dans sa petite main, toute raidie, les restes brûlés d'un paquet d'allumettes.
- Quelle sottise ! dit un sans-cœur. Comment a-t-elle pu croire que cela la réchaufferait ? D'autres versèrent des larmes sur l'enfant; c'est qu'ils ne savaient pas toutes les belles choses qu'elle avait vues pendant la nuit du nouvel an, c'est qu'ils ignoraient que, si elle avait bien souffert, elle goûtait maintenant dans les bras de sa grand-mère la plus douce félicité.
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| Sujet: Re: L'historiette du jour... Mar 5 Déc - 6:07 | |
| L'historiette du jour : Le voyage au Cervin (Hellokids.com) Il était une fois un petit garçon qui s'appelait Marco-Nicolas. Comme Noël s'approchait, il écrivit une lettre au Père Noël pour lui prier de l'aider à sauver sa maman prisonnière d'un magicien. Il lui demandait une paire de skis et des milliers de boules de neige. Quand le Père Noël reçut la lettre, il se gratta la barbe : "Pourquoi le petit Marco-Nicolas a besoin d'une paire de skis puisqu'il n'y a pas de neige en Suisse ?!" (Effectivement, en ce temps-là, la neige ne tombait pas en Suisse...) Le Père Noël décida de l'aider et se prépara pour son voyage en Suisse. - Lire la suite de l'historiette:
Arrivé au-dessus de la maison du petit Marco-Nicolas, il vit que celui-ci était déjà prêt pour le voyage au Cervin.
Quand ils arrivèrent au-dessus de la montagne suisse la plus célèbre, le Père Noël lui dit que le château du magicien devait être tout au sommet de la montagne. Mais le petit Marco-Nicolas était si malin qu'il savait que ce serait trop facile. Alors ils firent le tour de la montagne grâce au traîneau du Père Noël et virent une cabane toute noire au milieu de la forêt... Ils atterrirent et découvrirent un passage secret.
Comme il faisait nuit, il était difficile d'y voir clair. C'est alors que le Père Noël attrapa la lune grâce à son lasso magique. La lune leur servira de lanterne ! Ils empruntèrent le passage secret qui les mena jusqu'à une porte sans poignée. Le petit Marco-Nicolas essaya d'appeler sa maman en murmurant. Celle-ci lui répondit : "Aidez-moi !". Le Père Noël fit appel à ses rennes qui défoncèrent la porte avec leurs bois.
Mais quelle surprise ! Un ogre cyclope avait imité la voix de la maman de Marco-Nicolas ! Il fallait s'en débarrasser au plus vite. Le Père Noël lui dit : "Regarde dans ma hotte, j'ai là plein de lard et de fromage rien que pour toi !" L'ogre cyclope attiré par les cadeaux du Père Noël s'en approcha de trop près. Juste derrière lui, le petit Marco-Nicolas le fit trébucher et tomber dans la hotte sans fond.
Mais où était donc la maman de Marco-Nicolas ? Le Père Noël se posa contre le mur pour réfléchir. Soudain, le mur se mit à bouger et le Père Noël se retrouva de l'autre côté du mur. Marco-Nicolas et la lune comprirent que le Père Noël avait découvert malgré lui une porte secrète. Ils l'empruntèrent à leur tour... C'est alors qu'ils se retrouvèrent tous devant un long escalier qui menait à une autre porte. Ils montèrent jusqu'à celle-ci sur la pointe des pieds. Malheur ! Deux horribles "gardes-robots" arrivèrent derrière eux. Marco-Nicolas cria au Père Noël : "Sortez les boules de neige de votre hotte et préparez-vous à bien viser !" Les boules de neige mouillèrent leur système électronique et les électrocutèrent. Les "gardes-robots" gisaient sur le sol...
"Devant cette porte sans poignée, comment pourrons-nous rentrer ?" pensait le petit Marco-Nicolas. Pendant ce temps, le Père Noël ouvrit la porte grâce à un gros coup de ventre. La porte s'envola et atterrit par chance sur la tête du magicien ! La lune en profita pour ficeler le magicien qui ne pouvait plus bouger !
Au fond de la chambre du magicien, un gros ruban adhésif sur la bouche, la maman de Marco-Nicolas était soulagée de voir son fils venu la sauver. Il lui libéra la bouche et ils se serrèrent fort dans les bras.
Heureux d'avoir retrouvé sa maman, Marco-Nicolas voulait retourner à la maison, mais avant de quitter la chambre du magicien, il se rendit compte du décor : les murs étaient tapissés d'or, des pierres précieuses remplissaient des sacs entiers et sous le lit, dans un vieux coffre en bois, ils découvrirent toutes les économies du magicien ! Ils profitèrent de remplir de ces richesses la hotte sans fond du Père Noël et s'en allèrent.
Le magicien se réveillait... Le petit Marco-Nicolas demanda au Père Noël de vider de la hotte les milliers de boules de neige sur la montagne du Cervin. Celui-ci s'exécuta et une magnifique piste de ski fut construite en moins d'un clin d'oeil ! Ils fixèrent les skis aux pieds du magicien et le firent glisser sur la piste. Ils ne le revirent plus...
Sur le chemin du retour, le petit Marco-Nicolas se souvint du trésor du magicien et chuchota aux oreilles du Père Noël : "Renversons le trésor du magicien pour que les pauvres du monde entier puissent recevoir un beau cadeau de Noël..." Le Père Noël fit alors tomber une pluie d'argent sur la terre ! Avec ce qu'il restait, il s'offrit à lui aussi un cadeau de Noël : une moto flambant neuve !
Arrivés dans leur maison, le petit Marco-Nicolas et sa maman remercièrent le Père Noël pour toute l'aide qu'il leur avait offerte à tous les deux. Avant son départ dans les airs, ils lui offrirent une photo en souvenir de cette incroyable aventure ! Jamais ils ne l'oublieraient...
Mais qu'était-il advenu du magicien ? Etait-il mort ?
Du haut de sa montagne, le magicien ayant tellement aimé sa descente à ski, décida de faire tomber la neige sur ses montagnes ! C'est depuis ce jour qu'on peut skier en Suisse...
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| | | Auzelles
Messages : 4794 Date de naissance : 16/10/1949 Date d'inscription : 25/10/2017 Localisation : Entre Crau et Camargue
| Sujet: Re: L'historiette du jour... Mer 6 Déc - 8:39 | |
| L'historiette du jour : Tina la poupée de chiffon (hellokids.com) Tina était une poupée de chiffon qui avait 3 mois et qui savait parler, marcher, écrire. Tina avait été construit par le Père Noël en personne. Elle avait des cheveux bleu, des yeux d'un vert profond et était fort jolie. Seulement, Tina voulait être offerte précisément à une petite fille aux yeux noir de jais, aux cheveux roux, qui avait six ans et qui s'appelait Mélanie. Seulement, le Père Noël n'était pas content et elle serait offerte à une petite fille soit blonde, brune aux yeux vert ou bleu peu importe ce serait ainsi ! - Lire la suite de l'historiette:
Pauvre Tina, elle était très triste. Elle décida alors qu'elle serait une vulgaire poupée de chiffon sans vie.
Un jour, le Père Noël trouva une lettre si joliment décorée et très bien écrite, qu'il eut l'envie de l'ouvrir tout de suite. C'était une petite fille qui s'appelait Mélanie, elle était rousse, aux yeux noir de jais et avait six ans. Elle voulait une poupée de chiffon aux cheveux bleus et aux yeux d'un vert profond.
Tina entendît tout car le Père Noël lisait à voix haute. Elle sauta au plafond et attendit avec impatience la nuit de Noël car elle allait être offert à Mélanie.
La veille de Noël arriva enfin et le Père Noël plaça Tina dans une boîte à trou pour qu'elle puisse respirer. Et enfin le jour tant attendu arriva : Mélanie se précipita devant cette boîte mystérieuse où Tina attendait avec un sourire jusqu'aux oreilles.
Mélanie ouvrit la boîte et ne put retenir un cri de joie. Elle la prit dans ses bras et l'emporta dans sa chambre, c'est là que Tina dit la vérité Mélanie : qu'elle était une poupée de chiffon qui savait parler, écrire et marcher.
Depuis, Mélanie et Tina vivent heureuses toutes les deux et passent de bons moments ensemble.
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| | | Auzelles
Messages : 4794 Date de naissance : 16/10/1949 Date d'inscription : 25/10/2017 Localisation : Entre Crau et Camargue
| Sujet: Re: L'historiette du jour... Jeu 7 Déc - 6:40 | |
| L'historiette du jour : Les rennes (Hellokids.com) Dans son Royaume, quelques jours avant la fête de Noël, le père Noël vérifiait si tous les cadeaux des enfants du monde étaient fabriqués. Puis, il partit vérifier l'attelage des rennes dans l'immense grange située derrière l'usine de cadeaux. - Lire la suite de l'historiette:
Dès qu'il eut franchi la porte de la grange, le monsieur à la barbe blanche s'aperçut que ses rennes étaient disparus. Enervé, il cria fortement à l'aide. Arrivé en courant, son fidèle lutin Rudolphe vint le réconforter en voyant l'absence des rennes. Puis, le père Noël retourna chez-lui et prit le livre magique situé en dessous de son lit.
Avant de prononcer la formule magique abracatquadom le père Noël prit un oignon et le secoua vivement, pour attirer les pouvoirs magiques. En se croisant les doigts, le père Noël espéra avoir une réponse dans les dix prochaines minutes.
Malheureusement, la formule ne fonctionnait pas. Alors, il réfléchit longuement et réalisa que peut-être son oignon était trop pourri pour attirer les pouvoirs. Donc, il partit en acheter un autre à l'épicerie du coin.
Arrivé à destination, le père Noël vit une annonce collée sur la vitrine. Sur la pancarte, il était marqué :
CIRQUE
Venez voir
des rennes magiques
faire des tours ce soir
au Complexe G à 18h00.
Surpris, il regarda l'heure sur sa montre. "17h30, juste assez de temps pour récupérer mes rennes."
Parvenu à la salle de spectacle, le père Noël constata encore une fois l'absence des rennes. A peine sorti de la pièce, découragé, il entendit une voix. Celle-ci disait que les rennes s'étaient enfuis avec un petit lutin, tout juste avant le souper.
Aussitôt, le père Noël courut en direction de son Royaume. Arrivé à la grange, il ouvrit les portes de l'enclos, puis de la grange. Fou de joie, il vit ses rennes et Rudolphe qui se préparaient pour la distribution des cadeaux. Finalement, le père Noël distribua tous ses cadeaux, la nuit de Noël.
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| | | Auzelles
Messages : 4794 Date de naissance : 16/10/1949 Date d'inscription : 25/10/2017 Localisation : Entre Crau et Camargue
| Sujet: Re: L'historiette du jour... Ven 8 Déc - 7:01 | |
| L'historiette du jour : La fabuleuse histoire de Compote et Brioche(hellokids.com) Dans la forêt de Sharoine, Compote et Brioche se promenaient. Compote a trois ans et son amie Brioche 5 ans. Elles rencontrèrent, devinez qui ? Le Père Noël. Il les invita chez lui pour boire un chocolat chaud. - Lire la suite de l'historiette:
Avec les lutins, les petites filles préparèrent les cadeaux de Noël pour tous les enfants de la Terre. Elle travaillèrent beaucoup, sans connaître les cadeaux qu'elles auraient pour Noël. Les petites filles étaient tristes. Elles pensaient que le Père Noël les avait oubliées !
Elles lui demandèrent :
- Où sont nos cadeaux ?
Il leur répondit :
- Oh, mon dieu ! je vous ai oubliées !!
Compote et Brioche rentrèrent chez elles le coeur gros et s'endormirent. Le lendemain, jour de Noël, les petites filles se réveillèrent et trouvèrent dans leurs chambres, deux gros paquets avec une lettre. C'était le père Noël qui leur avait amené de nombreux cadeaux...
Les petites filles retrouvèrent le sourire et firent le serment de toujours être sages à l'avenir.
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| Sujet: Re: L'historiette du jour... | |
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